Le Témoignage d'Adina
Illustré par Adina
Au commencement,
je pourrais m’identifier à Annie Brighton. Comme elle, j’étais une
fillette timide et sympa. Et c’était tout. Et puis, j’ai connu Susanna Marlowe,
qui semblait aussi jolie, et qui intériorisait comme Annie. Oui, un petit
ange blond, mais pas comme Candy, qui a toujours eu son extraordinaire don de sourire.
Elle était plutôt comme un roseau – sensible et délicat, plus
triste, un peu mystérieuse et vraiment belle. Elle est célèbre,
riche et talentueuse, mais modeste. Elle a l’apparence d’une princesse, mais aussi
la solitude et la mélancolie caractéristique a une royauté.
La première
fois qu’on a l’opportunité de voir Susanna prendre une place importante dans
le développement de l’histoire de « Candy », c’est à l’occasion
de la représentation sur scène du “Roi Lear”. C’est à ce moment
qu’elle renonce à être la petite gentille et jolie fillette qu’on croyait
connaître. Elle n’est plus un être insignifiant et pas compliqué.
Elle devient une petite femme capable de sentiments forts, de gestes désespérés,
une petite femme qui lutte pour protéger son amour à tout prix. Mais
le fait qu’elle n’est pas une personne méchante nous est révélé
par le fait que, pour nous, tout son comportement est une grande surprise. Personne
ne peut l’imaginer comme ça : fausse et mensongère. On était
habitué à la voir comme la personnification de la gentillesse, de la
bonté, quelqu’un qui ne pourrait jamais faire du mal aux autres. Et puis,
a-t-on des difficultés à l’imaginer se repentant avec sincérité
? Mais Susanna est complexe, Susanna est forte, Susanna, avec toute sa fragilité
charmante, a un secret qui mérite tout sacrifice, qui mérite n’importe
quoi.
Mais du
point de vue de l’intensité de cet épisode, du point de vue du scénario,
Susanna est nécessaire. C’est une tension dramatique (qui fait le tragique
et la beauté du moment) provenant dans cette situation de tous les événements
disparus qui semblent “comploter” contre la réunification de Candy et Terry.
Il y a une recette présente presque partout dans les histoires d’amour. Dans
chacun d’eux, on a avec nécessité des obstacles qui apparaissent sur
le chemin d’une relation. C’est exactement cela qui nous fait rêver, et qui
nous fait désirer de tout cœur qu’ils se rejoignent au final, que nous fait
savoir que cela – si, est un amour vrai et magnifique. Ils sont ensemble, unis par
le pouvoir mystérieux et implacable du Destin.
Susanna ne peut faire rien, elle est, à ce moment, une pauvre victime amoureuse et sans espérance. Mais qui pourrait dans ce monde avoir la cruauté de l’empêcher d’atteindre la seule chose que l’on rêve d’obtenir, ici, sur la Terre : la félicité et le bonheur ? Qui pourrait l’accuser d’insensibilité et de malice, alors que tout ce qu’elle souhaite, c’est une chance d’aimer et d’être aimée par le jeune homme pour lequel elle renoncerait à sa propre vie ? Quoi de plus naturel et de plus humain que cela ?
Elle n’est
pas un monstre, mais un personnage neutre qui devient – pas négatif ou méchant
– complexe, réel. Si elle est un monstre, alors elle ne pourrait pas être
incluse dans la catégorie d’Ursula (« La Petite Sirène »),
mais dans celle de la Bête (dans : « La Belle et la Bête »).
Ainsi, elle trahit notre image de l’ange blond, prévisible, incolore ; elle
commence à vivre. C’est une situation parfaitement compréhensible :
quand on est amoureux, on a le droit d’être jaloux, égoïste.
Susanna a un sort triste. Elle est un de ces personnages (qu’on connaît si bien) qui sont condamnés à languir auprès des beautés qu’ils ne vont jamais posséder. Condamnées à rester toujours seules. L’amour desquels ne peut pas s’accomplir, se réaliser. Un certain type de fatalité empêche cela… Mais elle ne veut pas vivre à moitié ; elle ne veut pas être une intruse ; si elle ne peut avoir tout, elle est prête à renoncer à tout ; elle suit un code d’honneur – à l’origine probablement asiatique, mais qu’on peut aussi comprendre facilement – elle veut se sauver d’une existence indigne, perdue dans la médiocrité, dépourvue d’amour, de gloire, de valeur, de tout ce qui fait que la vie mérite d’être vécu.
Sa tentative de suicide est un peu exagérée, et, qui sait, peut-être en partie un truc utilisé pour attirer l’attention des autres, celle de son bien-aimé… Mais c’est un geste sincère, explicable, né des sentiments puissants – car cela est une caractéristique de Susanna : dans sa vie ou sur scène – gracieusement et gentiment – elle vit avec une grande intensité, elle réagit de manière imprévisible et irrationnelle peut-être, mais elle est vive, forte, complexe… et c’est pour ça, je crois, qu’elle mérite d’avoir tout, et surtout d’amour…
Adina (SML) - Août 2002
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